ven. Mai 23rd, 2025
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Une rencontre fructueuse s’est produite entre le ciel et la terre dans l’incarnation du Dieu fait homme. L’expression de la vie chrétienne célèbre cette expérience. L’homme et Dieu, par le truchement de l’Eglise, se côtoient ; et la culture est l’assiette sociologique qui porte l’homme, dans le temps et dans l’espace, vers sa fin ultime. Autrement, on affirme sans ambages que la ‘’foi chrétienne se caractérise par le fait qu’elle est insérée dans l’histoire et qu’elle est l’événement de parole’’. Cette insertion dans l’histoire ne signifie rien d’autre que Dieu est entré dans l’histoire par l’incarnation de son fils, venu rejoindre l’humanité, et que le chrétien assume cette dernière comme l’histoire du salut qui le concerne; salut entendu –non simplement comme ‘’une réponse aux quêtes que l’homme porte en lui depuis toujours’’ – plutôt comme ‘’l’offre d’une proposition de vie et de bonheur que  Dieu procure dès cette existence terrestre, avant de l’épanouir en vie éternelle’’ ; le salut chrétien étant l’action de Dieu se rendant progressivement présent en l’homme’’[1]. C’est en ceci que j’essaie d’expliquer le titre de mon article, à l’occasion des journées pastorales initiées pas le nouveau pasteur de notre Diocèse, Son Excellence Mgr Oscar Nkolo Kanowa. C’est une opportunité pour (re)penser la ‘’sortie missionnaire de notre Église locale selon le vœu du Pape François dans l’Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium.

En effet, le pape François nous exhorte à une transformation missionnaire de l’Église. Il souligne l’actualité de l’invitation du Christ à ses apôtres : ‘’Allez !’’. L’Église ne saurait se replier sur sa propre vie interne et sur son fonctionnement. Elle doit ‘’sortir’’ et aller à la rencontre des hommes :

‘’J’espère que toutes les communautés feront en sorte de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont. Ce n’est pas d’une « simple administration » dont nous avons besoin. Constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un « état permanent de mission’’[2]. Cette mission doit être portée par tous. Le pape souhaite en ce sens un renouveau de toute la vie ecclésiale : diocèses, paroisses, mouvements, groupes divers… Tous les membres de l’Église doivent devenir ‘’des agents de l’évangélisation’’.

“ On ne peut aimer Jésus sans partager son amour pour son peuple ”

Nos communautés paroissiales sont invitées à être plus accueillantes, plus proches des gens, plus missionnaires. Cela appelle des conversions de mentalité et des changements de fonctionnement : « La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du ‘’on a toujours fait ainsi’’. Chacun de nous est invité à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés » (n° 33).

Mon propos s’articule en deux moments précédé d’un état de la question en forme d’hypothèse sur la problématique à traiter. Le premier point fait ressortir du contexte socio-ecclésial actuel les défis certains auxquels nous devrons faire face, non avec relativisme, mais en prenant la mesure réelle des enjeux qui en découlent ; ainsi pourrions-nous arriver à asseoir notre pastorale sur des bases nouvelles. La culture actuelle, dite postmoderne et postchrétienne, étend ses ravages depuis l’occident postchrétien, jusqu’aux savanes et forêts d’Afrique. Il faut une Eglise responsable et réaliste pour scruter les signes des temps afin de réunir des voies et moyens en vue d’une évangélisation en profondeur. Le deuxième point ose une  approche sociologique et théologique de la piste des propositions pastorales. La première approche (sociologique) aidera à montrer comment scruter la vitalité de la foi chrétienne aujourd’hui dans nos milieux respectifs. La deuxième (qui est théologique) revient sur les chances d’une nouvelle annonce de l’Evangile dans le contexte de la ‘’culture actuelle’’. Ceci renvoie à la perspective de la nouvelle évangélisation préconisée par le Synode sur l’Évangélisation de 2012[3]. Il s’agit de promouvoir une évangélisation renouvelée dans nos Églises locales où la première annonce de la foi a déjà retenti, mais où nous vivons une sécularisation progressive de la société et une sorte d’«éclipse du sens de Dieu[4]». A cet effet, l’inculturation du donné révélé dans la ‘’culture actuelle’’ est plus qu’une urgence. Un regard sur l’incidence de la postmodernité en Afrique et l’effort que la théologie doit fournir pour replacer son discours de manière prophétique bouclera le deuxième point.

Il est opportun de le dire que notre méthode étant déductive, ce que nous disons de la culture actuelle (i.e. contemporaine ou postmoderne) ou de l’Eglise, en général, nous sommes appelés à le contextualiser à la réalité locale de notre diocèse de Mweka qui connaît aussi, d’une part, une diversité des cultures, et d’autre part, subit aussi l’influence négative du relativisme moral de la postmodernité.

Etat de la question

Je commence par me poser une question, communément ordinaire, mais non de moindre importance: Quelles sont ‘’les chances de la culture contemporaine pour la foi chrétienne’’[5] ? Par cette interrogation quelque peu provocatrice pour l’orthodoxie de la théologie catholique, je voudrais, dans le cadre de cette ébauche théologique ne pas me limiter aux aspects négatifs de la culture contemporaine qui ressortent des textes lus ou des propagandes médiatiques, ni non plus me contenter de proposer des solutions faciles d’ordre pastoral. Ce qui verserait sans nul doute sur la voie des chemins battus.

En toute rigueur de recherche scientifique, je voudrais emprunter une approche beaucoup plus réaliste du pluralisme théologique en focalisant aussi mon attention sur un aspect qui croise l’aspiration actuelle de la hiérarchie de l’Eglise, à savoir, baliser les chemins d’une Nouvelle Evangélisation. Ainsi ai-je opté pour une lecture qui dépiste les pierres d’attente dans l’environnement culturel actuel, c’est-à-dire les éléments culturels sur base desquels l’Eglise peut relancer sa mission évangélisatrice.

En ce sens, je suis comme motivé par l’injonction pathétique du Concile Vatican II :’’ l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique’’, car ‘’les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur’’[6].

I. LA MISSION EVANGELISATRICE DE L’EGLISE DANS UNE SOCIETE PLURALISTE

Je voudrai parler singulièrement de la mission évangélisatrice de l’église locale de Mweka pour une raison bien précise et claire. A ce forum convoqué par l’Évêque diocésain, axé sur l’unité  chrétienne comme ferment de l’ecclésialité (vie ecclésiale), nous ne devrons pas oublier que  la visée de la communion ecclésiale ou l’unité de tous les fidèles du Christ, c’est l’avènement du règne de Dieu parmi les hommes, dans l’Eglise-famille des enfants de Dieu :

‘’…que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme moi je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croient que tu m’as envoyé’’ (Jn 17,21).

J’attire donc notre attention sur ce dernier bout de phrase du verset 21 (pour que le monde croie que tu m’as envoyé). En effet, le fils de Dieu a été envoyé par son père, ou mieux est venu dans le  monde, pour annoncer et établir le règne de Dieu sur la terre (Mt 3,2 ; 417;10,7 ; Mc1 ;14-15 ), pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (Jn11,47). Et l’Eglise a reçu mandat de continuer cette noble mission d’annoncer le règne de Dieu. Voilà pourquoi est-il opportun que nous nous penchions sur la tâche évangélisatrice de l’Eglise diocésaine de Mweka aujourd’hui.

I.1. Les défis de l’heure

Pour relever les défis historiques, il faut savoir fixer les signes des temps, même les plus négatifs, jusqu’à ce qu’un appel en jaillisse, disait Jean Paul II. Le principal défi est celui de l’identité de l’Eglise d’Afrique dont l’un des terrains d’élaboration est certainement la théologie africaine qu’il faut situer face à ce qui se présente comme des défis majeurs à relever. Les deux Synodes pour l’Afrique ont projeté deux grands faisceaux de lumière qui sont les deux défis principaux pour l’Eglise d’Afrique, à savoir l’identité culturelle pour le premier synode de 1994 et les problèmes de société pour le deuxième synode de 2009. L’Eglise a réassumé le fond le plus consistant de la culture africaine pour exprimer de manière nouvelle sa propre identité. Il reviendra au deuxième Synode cependant de l’empêcher de s’enfermer dans la fixation identitaire, en affrontant les défis de société qui, du reste, lui permettent aussi d’approfondir cette identité[7].

Au regard du défi identitaire, l’Eglise, depuis toujours, répond par une invitation à revenir à la personne. Toute action évangélisatrice qui ne tient pas en compte la personne humaine et sa culture profonde (c’est-à-dire l’homme dans ce qu’il est essentiellement), est une entreprise vouée à l’échec.

Dans cet ordre d’idée, une réflexion vaut pour nous tous, agents d’évangélisation, sur notre manière d’approcher les hommes et les femmes vers lesquels le Seigneur nous envoie. Quelle est notre attitude pastorale : de respect ou d’amour, d’arrogance ou d’activiste fonctionnaire ?

Le défi identitaire nous convie à connaître la culture de la personne à évangéliser, l’assumer afin de l’imprégner de l’esprit évangélique. C’est le gage d’une approche de la pastorale de proximité, digne de vrais pasteurs selon le modèle et le cœur du Seigneur Jésus.

Assumer son identité, c’est se reconnaitre créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, s’accepter et accepter aussi les autres, mes semblables. Sous cette perspective, la diversité culturelle de notre diocèse de Mweka est une richesse. Il nous revient de bien comprendre cela et maximiser les chances d’un travail de mise en valeur de nos potentialités culturelles, en ce qu’elles ont de positif et d’humanisant, pour en faire un levier de développement et de l’épanouissement humain intégral de tous.

Cependant, n’éludons pas une question essentielle comme celle-ci: Le vivre-ensemble est-il possible dans le contexte multiculturel de notre diocèse ? Je réponds par oui. Ce qu’il faut, c’est un effort devant assurer une éducation aux valeurs fondamentales. En effet, nos différences respectives (bakuba, bakete, bakele, bashilele, baluba, batwa, etc.) devraient nous enrichir mutuellement et contribuer à bâtir un ‘’vivre-ensemble’’ heureux axé sur des valeurs de respect mutuel, d’équité, de tolérance et d’amour. Et je pense, on ne peut s’en douter, que l’amour comme vertu unifiant dont émanent toutes les autres vertus, est le fondement premier d’une éthique du ‘’vive-ensemble’’. Seul là où les gens s’aiment et s’acceptent au-delà de leurs différences culturelles, sociales, le ‘’vive-ensemble’’ peut être possible. Ce qui vaut autant au plan social, l’est aussi au plan de la praxis chrétienne : ‘’Que tous soient un…! L’unité des fils de Dieu est le ciment de la vie sociale équilibrée. Nous sommes appelés à bâtir la civilisation de l’amour.

Face au deuxième défi, qui est d’ordre sociétal, nous devrons aussi et surtout nous intéresser aux problèmes sociaux qui constituent des préoccupations, des attentes et des aspirations de nos ouailles. Aujourd’hui, le peuple congolais vit une période critique de son histoire. Les questions de justice pour tous, de paix, de développement humain intégral, de sécurité, de respect de la dignité humaine, de la place de la femme et son rôle, de la promotion de la vie et de l’enfant, du mariage entre un homme et une femme, de la famille comme cellule de la société, etc. sont des problèmes sérieux devant la déferlante grille des maux tels que l’injustice, la corruption, la pauvreté et la misère, la guerre et les massacres à répétition, les violations graves de la dignité humaine, les atteintes à la vie, l’impérialisme occidental et le néocolonialisme, la crise démocratique et politique, etc. Voilà des maillons d’une chaîne des préoccupations qui ne doivent échapper à la prise en compte pastorale des agents d’évangélisation que nous sommes.

Aujourd’hui encore, partant de l’imaginaire social négro-africain, le projet théologique de reconstruction globale, proposé par le théologien congolais Kä Mana, pense le christianisme comme faisant partie intégrante de l’Afrique. Elle est donc révolue l’ère du discours théologique axé sur l’incarnation de la foi dans les cultures africaines (limitée à la revendication de l’identité culturelle et de la libération), de même que celle des pamphlets contre l’œuvre missionnaire et coloniale[8].

Pour Kä Mana, l’horizon de l’Afrique n’est pas la mort, mais la vie. Il faudra « sortir de l’ère du rêve, de l’illusion et des cris de révolte pour nous mettre à l’exercice de la pensée lucide, de l’action sans complexe et de la reconstruction de nos sociétés ». Le changement de l’imaginaire social doit générer une autocritique de l’être africain tout en l’introduisant résolument dans la dynamique de transformation du monde. Ceci inclura une conversion éthique qui permettra « d’élever les hommes à l’ultime mesure de leur être, c’est- à-dire au projet de Dieu confié à la responsabilité et à la créativité de l’esprit humain ». Cet imaginaire se construira à partir de la Révélation biblique. Il permettra de contrer les comportements deshumanisants qui avilissent les africains et freinent le projet de libération holistique d’Afrique dont les crises de sa société sont essentiellement d’ordre éthique.L’Africain sera porté au-delà de lui-même, pourra renouveler sa pensée et son imaginaire, pour pouvoir surmonter ces crises[9].

Quel devra être le support authentique de notre agir chrétien ?

I.2. Spécificité chrétienne et discernement face à la crise anthropologique profonde

Il sied de nous interroger sur notre approche de toutes les réalités temporelles ? Face à la crise de la foi et de la morale, face au relativisme et à la déliquescence des mœurs, il convient de considérer avec stricte mesure la spécificité chrétienne. Qu’est-ce qui fait l’essentiel de notre foi au Christ ? Le relativisme moral entraîne la plupart des gens aujourd’hui à oublier l’échelle des valeurs, à confondre la vérité avec le mensonge, le relâchement moral avec la liberté, etc. Il devient difficile de distinguer entre un chrétien catholique et un sectaire de ‘’Zambe malamu’’ ou de ‘’Bakuidi’’ (par exemple). Un discernement est donc nécessaire devant le risque d’une grande confusion pour les chrétiens entre les véritables préceptes de l’évangile et les réalités mondaines de l’éthique séculière, entre la doctrine sociale de l’Eglise et les paradigmes de nos coutumes ancestrales et celles d’emprunts de la culture postmoderne[10].

A propos de cette confusion devant un apparent flot d’innovations qui attirent et séduisent les chrétiens dans divers secteurs de la vie publique et personnelle, nous devrons nous rappeler l’énoncé évangélique du Seigneur lui-même, qui nous prévient que ‘’nous sommes dans le monde et non du monde’’ (Jn 17,14-18). Il y a donc urgence que nous apprenions à nos fidèles à retrouver la spécificité chrétienne, en la démêlant des agendas ambivalents et tronqués des pratiques du monde : fétichisme, sorcellerie, discrimination, etc. Dans cet effort, Jean Paul II nous convie à repartir du Christ. Tel est bien le nouveau départ auquel nous sommes appelés aujourd’hui[11].

II. OPTION POUR UNE PASTORALE CONCERTEE ET ADEQUATE

Comme annoncé dans l’introduction, cette partie comportera deux points : une perspective de la sociologie de religion suivie d’une approche théologique d’inculturation, tous les deux s’accordant  comme proposition sur les défis majeurs que la culture actuelle et ses entrainements posent à l’Eglise comme enjeu pastoral de taille.

II.1. Indicateurs de la vitalité religieuse et / ou pastorale[12]

Quelle est la situation actuelle du Christianisme ?

En effet, l’Eglise catholique, comme toutes les autres institutions occidentales est frappée par une crise qui se remarque par la perte de la conscience pastorale, l’incapacité de communiquer, c’est-à-dire d’avoir un discours persuasif pour notre temps (ce qu’on appelle ‘’apophatisme)  devant l’horizontalisme d’une société sécularisée et imprégnée des valeurs de l’éthique postmoderne; devant le pluralisme et la liberté religieuse qui a engendré un pléthore d’églises, des sectes et de mouvements religieux?

Au regard de cette description, l’impasse devant laquelle se trouve la pastorale ecclésiale est remarquable. Quel discours l’Eglise doit –elle apporter au monde aujourd’hui comme Bonne Nouvelle du salut pour l‘humanité et pour chacun? Comment répondre aux questions actuelles de nos fidèles dans leur foi alors qu’ils sont confrontés à la guerre, à la faim, à la violence, à la privation de libertés individuelles, à la prolifération des nouveaux mouvements religieux et des sectes, etc.

Pour arriver à proposer une pastorale adéquate, il convient au départ que l’Eglise, dans ses représentations régionales ou diocésaines, puisse doser la vitalité religieuse de ses fidèles à partir des indicateurs tels que : l’appartenance religieuse, la fréquentation de la messe dominicale, l’importance des convictions religieuses et spirituelles, célébration des baptêmes, premières communions, mariages catholiques, et enfin vérifier l’intrique des ‘’sans religion’’ et la novation religieuse, etc.

Ce recensement selon les régions, le temps, les tranches d’âge, et même le sexe, permettrait de se rendre compte de la vraie réalité d’une Eglise qui doit sans cesse relire les signes de temps  et se reformer (‘’ecclesia semper reformanda’’).

Schématisons ça de cette manière suivante:

A. Participation à la messe dominicale selon le groupe d’âge, les années

  Année 2017
15-24 ans 25-44 ans 45-64 ans 65 ans et plus Jeunes Adultes Hommes Femmes
Au moins une fois par semaine … % … % … % … % … % … % … % … %
Au moins une fois par mois … % … % … % … % … % … % … % … %
Au moins une  fois par année … % … % … % … % … % … % … % … %

Commentaire :

Ici, il s’agira de voir si au cours d’une année, la croissance ou la diminution en nombre pour la participation à la messe dominicale, touche plus quelle tranche d’âge, quel sexe, quelle catégorie sociale (jeunes ou adultes) ? Maitriser en moyenne le taux de participation ou de la non-participation durant cinq ans par exemple (de 2013-2017) permettrait d’évaluer notre pastorale paroissiale, diocésaine, provinciale et même nationale. Ce qui importe ici, c’est un recensement à chaque année pour actualiser les données. Ce qui ne se fait pas dans beaucoup de nos diocèses.

B. Appartenance à l’Eglise catholique

Année Adultes Jeunes Ville Village Niveau de vie Niveau d’éducation Observation
Riche Pauvre
2013 … % … % …% … % …% … % … %  
2014 … % … % …% … % …% … % … %  
2015 … % … % …% … % …% … % … %  
2016 … % … % ….% … % …% … % … %  
2017 … % … % …% … % …% … % … %  

Commentaire

Ressortir une moyenne de ceux qui appartiennent à l’Eglise catholique dans une entité (CEVB, quartier), suivant les différentes variables du tableau, et ceux pratiquent encore la foi catholique, permet de voir la chute de la pratique religieuse hebdomadaire pour la même période et la démembrement croissant que connaît l’Eglise.

C. La pratique religieuse

         1°) Le Baptême

ANNEE   Naissances des enfants des familles catholiques Nombre de baptême Observation
  Nouveau-nés Enfants 6-10 ans Jeunes 11-18 ans Adultes  
2013 … % … % … % … % … %  
2014 … % … % … % … % … %  
2015 … % … % … % … % … %  
2016         … % … % … % … % … %  
2017          … % … % … % … % … %  

Commentaire :

Sur dix ans par exemple, évaluer la baisse ou la montée des baptêmes administrés selon les catégories déterminées.

N .B.  : Le taux des enfants nouveau-nés  baptisés est calculé en divisant le nombre  brut de baptêmes par le nombre brut de naissances de l’année concernée. Est-il possible avoir des telles  statistiques quand l’administration publique du pays manque d’organes charger du recensement de la population?

        2°) Les 1ères communions et les confirmations

Année 1ères Communions Confirmation Observation
2013 … % … %  
2014 … % … %  
2015 … % … %  
2016 … % … %  
2017 … % … %  

Commentaire :

On pourra relever ici une chute notoire ou diminution d’année en année de 1ères communions ou des confirmations ayant pour cause : le relâchement de l’initiation chrétienne (la catéchèse pré-baptismale et celle préparant les enfants aux 3 sacrements de l’initiation chrétienne), l’abandon de l’Eglise catholique par plusieurs  foyers, des foyers catholiques qui ne  pratiquent plus, etc.

3°) Les mariages catholiques

Année Mariage civils Mariages-sacrements Observation
2013 … % … %  
2014 … % … %  
2015 … % … %  
2016 … % … %  
2017 … % … %  

Commentaire :

Ce tableau permet d’établir au clair que le mariage catholique a connu une déchéance sérieuse  et  sévère  aussi  bien comme la pratique religieuse. Quelle proportion entre  le mariage catholique et  les mariages civils ? Cette variable permet de connaitre  le taux d’individus  vivant en union libre par rapport à la population totale estimée. Combien des couples vivent  en union libre, combiens de polygames, combien de divorcés remariés  ou non?

4° Les ‘’sans-religion’’

Année Adulte Jeune Ville Village Niveau de vie Niveau d’éducation  
Riche Pauvre    
2013 … % … % …% … % …% … % … %  
2014 … % … % … % … % …% … % … %  
2015 … % … % …% … % …% … % … %  
2016 … % … % …% … % …% … % … %  
2017 … % … % …% … % …% … % … %  

Commentaire :

Cet indicateur  permet de bien saisir la dynamique de la  religiosité. Elle  traduit  l’ampleur  et  la  vitesse d’une partie du processus de désaffiliation des personnes à l’Eglise catholique. Cette ampleur ne signifie pas nécessairement l’étiolement de la religiosité ou l’athéisme[13]. C’est plutôt le type d’encadrement du religieux et la communalisation correspondante qui sont mis en question dans ce processus[14].Cette désaffiliation ne touche pas toutes les religions de la même manière ni au même moment.

5°) Novation religieuse : présence des autres églises et sectes dans une entité ecclésiale : CEVB, Paroisse

Année Nbre d’Eglises Taux par rapport à la population de l’entité Nbre de sectes Taux par rapport à la population de l’entité Observation
2013   … %   … %  
2014   … %   … %  
2015   … %   … %  
2016   … %   … %  
2017   … %   … %  

Commentaire :

C’est un indicateur important pour mesurer le taux d’appartenance aux religions autres que la religion catholique. Ce taux permettra en même temps de déterminer le % des citoyens d’une région qui n’appartiennent ni à la religion catholique ni aux grandes religions, mais aux sectes.

Pour conclure ce point, disons que pareil travail aura  pour acquis de définir  les possibles paramètres religieux  et de donner aux pasteurs catholiques   -que nous sommes- des moyens d’une vitalité renouvelée pour continuer  l’annonce de la  foi dans une société traversée par des configurations historiques démographiques, culturelles et sociales particulières[15].

Au fait, pareille statistique permettrait de ressortir une transformation de la configuration dominante du religieux qui prévaut dans la société.

Cet éclairage nous introduit au dernier point de notre deuxième partie travail.

II.2. Vers l’inculturation du Christianisme dans la ‘’nouvelle culture’’[16].

Sous ce point, nous voulons examiner à quelles conditions certains éléments de la ‘’nouvelle culture’’ peuvent constituer des ‘’pierres d’attentes’’ pour l’annonce de la foi catholique et de l’Evangile.

Qu’on se le dise, c’est une démarche contraire que j’ai décidée d’emprunter, à la suite de Claude Geffré, au-delà du rejet en bloc de la nouvelle culture, séculière et laïciste -ce qui reviendrait à rejeter ceux qui en sont adeptes- je voudrai demander que nous pénétrions à l’intérieur de cette culture postmoderne afin de l’évangéliser. Comment ?

Il s’agira en fait d’y ‘’discerner des signes favorables’’ qui ne sont pas étrangers à l’authentique message chrétien. En fait, la culture occidentale actuelle est impensable sans l’héritage judéo-chrétien[17]. Or la culture a des liens avec la vie des hommes, l’histoire, l’éthique, la religion.

En effet, affirme Geffré,’’ Même si c’est difficile, nous devons nous garder de diaboliser la société moderne et dire par exemple qu’elle est sous le signe d’une ‘’culture de mort’’, il vaut mieux  essayer de détecter  les chances qu’une culture  postmoderne  peut offrir pour l’émergence d’un nouveau type d’homme  et de nouveaux  modes de vie  et par la même favoriser la découverte de l’actualité permanente du message chrétien’’[18].

Il continue : ‘’Avant de détecter plusieurs signes favorables, on peut énoncer quelques règles préalables. Premièrement, il faut éviter de tomber dans la mauvaise apologétique, c’est-à-dire se livrer à une tentative de récupération comme si les traits les plus originaux de la culture contemporaine avaient déjà une valeur implicitement chrétienne. En second  lieu, il ne  faut pas présenter l’alternative chrétienne  comme l’unique réponse aux échecs de la modernité. On ne peut  faire  comme si la modernité n’avait pas existé. Nous participons tous à ses acquis irréversibles  et  nous  ne devons pas rêver d’un retour à une culture passée pré-moderne et antimoderne. Enfin, l’émergence d’une nouvelle culture et même d’une nouvelle civilisation provoque l’Eglise et l’invite à une nouvelle inculturation à l’intérieur même de la culture occidentale. Il s’agit de négocier au meilleur  sens du terme un nouveau rapport entre le message  chrétien et l’homme de la modernité  et  de  la  postmodernité‘’[19].

Le Saint Concile Vatican II reconnait l’aide que l’Eglise reçoit du monde aujourd’hui et nous exhorte en ces termes : ‘’L’expérience des siècles passés, le progrès des sciences, les richesses cachées dans les diverses cultures, qui permettent de mieux connaître l’homme lui-même et ouvrent de nouvelles voies à la vérité, sont également utiles à l’Eglise. En effet, dès les débuts de son histoire, elle a appris à exprimer le message du Christ en se servant des concepts et des langues des divers peuples et, de plus, elle s’est efforcée de le mettre en valeur par la sagesse des philosophes: ceci afin d’adapter l’Evangile, dans les limites convenables, et à la compréhension de tous et aux exigences des sages. A vrai dire, cette manière appropriée de proclamer la parole révélée doit demeurer la loi de toute évangélisation. C’est de cette façon, en effet, que l’on peut susciter en toute nation la possibilité d’exprimer le message chrétien selon le mode qui lui convient, et que l’on promeut en même temps un échange vivant entre l’Eglise et les diverses cultures. Pour accroître de tels échanges, l’Eglise, surtout de nos jours où les choses vont si vite et où les façons de penser sont extrêmement variées, a particulièrement besoin de l’apport de ceux qui vivent sans le monde, et en épousent les formes mentales, qu’il s’agisse des croyants ou des incroyants. Il revient à tout le peuple de Dieu, notamment aux pasteurs et aux théologiens, avec l’aide de l’Esprit-Saint, de scruter, de discerner et d’interpréter les multiples langages de notre temps et de les juger à la lumière de la parole divine, pour que la vérité révélée puisse être sans cesse mieux perçue, mieux comprise et présentée sous une forme plus adaptée’’[20].

Ceci étant bien perçu, épinglons quelques pierres d’attente:

  • Le retour de la question du sens

Dans la culture postmoderne, on assiste à un retour des questions les plus fondamentales concernant la justice, l’amour, la vérité, la mort et on découvre avec plus de lucidité qu’elles ne relèvent pas de la raison instrumentale[21].

  • La quête de l’altérité[22]

La société sécularisée a coïncidé avec l’autonomie du pouvoir politique qui ne recevait plus sa légitimation de Dieu, mais du consensus social au service des intérêts des citoyens. Aujourd’hui, ce pouvoir politique frise l’impasse avec la dictature ou le totalitarisme. Il a besoin d’une légitimation religieuse émancipatrice de l’homme. Ainsi, faute d’un fondement transcendant, nos sociétés sont en quête d’une alternative à la fois vis-à-vis de l’anonymat des sociétés libérales. On cherche finalement sur quelles valeurs fonder le vivre-ensemble harmonieux d’une société.

Mais le message  évangélique de solidarité, de liberté, de communication, d’attention aux pauvres, peut favoriser l’émergence d’une nouvelle culture et d’un nouvel humanisme.  L’homme ne se définit pas seulement en termes de besoins et d’échanges dans la ligne de ses utilités sociales et de sécurité. Il se définit en termes de désir et de dépassement de son désir. Il n’accède à lui-même, il ne s’humanise qu’à travers tout un réseau des relations symboliques qu’il ne se donne pas mais qu’il reçoit. Il doit se confronter avec tout un réseau de lois, de valeurs, de rites qui prennent figure d’altérité pour lui et par rapport auxquels il fait l’expérience d’un manque difficilement surmontable.

On constate aussi un nouvel attrait, dans certaines formes de la culture contemporaine, pour les ressources jamais taries de la symbolique chrétienne quand celle-ci exprime la quête d’une eau vive, la joie du don gratuit, l’angoisse de la mort, le besoin du pardon, le gémissement de la création tout entière, l’attente du royaume et des cieux nouveaux.

  • Le retour du religieux : De la mort de Dieu à la mort de l’homme.

La mort de Dieu préconisé par le courant nietzschéen a conduit amplement à la mort de l’homme, donc à la mort du meurtrier de Dieu, à savoir l’homme. Ainsi l’homme contemporain est non seulement sans Dieu, il est sans  l’homme. Il se fait sentir donc aujourd’hui une grande soif de Dieu que représente la vague de nouvelles religiosités, dont la plupart n’aident pas vraiment l’homme contemporain à redécouvrir son sens du Transcendant ou son aspiration à la plénitude[23].

Quel procédé nous accompagnera dans notre mission évangélisatrice aujourd’hui ?  C’est le procès d’inculturation.

En fait, l’inculturation est l’incarnation de la vie et du message chrétiens dans une aire culturelle concrète, en sorte que non seulement l’expérience chrétienne s’exprime avec les éléments propres à la culture en question (ceci ne serait qu’une adaptation superficielle), mais aussi que cette même expérience devienne un principe d’inspiration, à la fois norme et force d’unification, qui transforme et recrée cette culture, étant à l’origine d’une nouvelle création[24].

Face à l’homme d’aujourd’hui, étouffé par cette culture tant désavouée, l’Eglise a l’opportunité de le conduire vers le Vrai Dieu, comme Saint Paul aux Grecs à l’Aéropage d’Athènes, dans un langage approprié et actuel[25].

Marguerite A. Peeters, Directrice de Institute for Intercultural Dialogue Dynamics à Bruxelles, emboîte le pas à Claude Geffré, en recherchant les éléments positifs dans la révolution culturelle politique de la culture postmoderne en ces termes : ‘’Que se passerait-il  si on libérait la nouvelle culture de ses preneurs en otage et si on l’évangélisait ? Ne se transformerait-elle pas en civilisation de l’amour ? L’Esprit Saint est à l’œuvre dans la culture postmoderne. Ses principaux paradigmes –consensus, choix, participation de base, développement centré sur les personnes, égalité, inclusion, diversité, dynamisme, complexité, holisme, accès, partenariat, décentralisation-  sont clairement proche de l’amour et du cœur que les paradigmes de l’âge de la raison[26].

Pour  Marguerite A. Peeters, la  doctrine  sociale  de  l’Eglise était, à un  moment infesté de l’intérieur par le fidéisme, le naturalisme, le rationalisme  et l’individualisme des Lumières. Pour  autant que ces courants sont une construction abstraite et artificielle, accentuant le divorce entre  Foi et Raison, entre  foi et vie, par contre, la faillite des ‘’valeurs’’ est une  opportunité providentielle pour  la  nouvelle évangélisation. Elle est un signe de temps[27]

C’est dire  que l’Eglise doit capitaliser ses énergies pour transformer les occasions de crise en opportunité d’évangélisation en profondeur. Au demeurant, l’Eglise doit aller à la croisée des peuples pour réaliser l’‘’évangélisation des cultures’’ et ‘’l’inculturation de l’Evangile’’[28], écrit le théologien congolais Lambert MUSEKA Ntumba  qui évoque à ce propos le binôme cher à Saint Jean Paul II, à savoir ‘’l’inculturation de l’Evangile dans les cultures autochtones’’ et, en même temps, ‘’l’introduction de ces cultures dans la vie de l’Eglise’’[29]. Il en vaut autant pour la culture postmoderne. Dans le même sens, le théologien brésilien Léonardo Boff disait : ‘’L’Esprit Saint est l’imagination divine dans les cultures’’[30]. A ce propos, le travail d’inculturation à faire à va selon le binôme ‘’évangéliser la culture’’ et ‘’intégrer la culture dans la vie de l’Eglise’’, donc convertir la culture à l’évangile et non l’inverse[31].

Dans un même ordre d’idée, le Pape François relève un autre grand défi de l’heure, c’est ‘’la culture urbaine’’, ‘’culture des villes’’, qui engendre de nouveaux styles de vie, avec ses transformations, une réalité nouvelle qui doit interpeller l’Eglise. ‘’En ville, où le style de vie, au lieu de rapprocher les gens les isolent, au lieu de promouvoir une vie bonne pour tous, engendre des inégalités’’, avec la violence pour conséquence ;’’ au lieu d’être un espace de rencontre et de solidarité, elles se transforment souvent en lieu de fuite et de méfiance réciproque’’. ‘’Le chrétien n’a plus l’habitude d’y promouvoir ou générer le sens, il le reçoit par contre de ces nouvelles cultures aux langages, symboles, messages, paradigmes divers avec de nouvelles orientations de la vie, souvent en opposition avec l’Evangile de Jésus’’. C’est un lieu privilégié de la nouvelle évangélisation, ont indiqué les pères du synode sur la nouvelle  évangélisation[32].

En effet, la proclamation de l’évangile, indique le Pape, sera une base pour rétablir la dignité de la vie humaine dans ces contextes, parce que Jésus veut répandre dans les villes la vie en abondance (cf. Jn 10, 10)[33]

Cette expression de la  ’’vie’’, surtout du ‘’sens de la vie’’ (pour l’africain) est au cœur du débat dans la théologie africaine depuis les travaux du Père Placide Tempels (dans sa Philosophie bantoue), et de manière accentuée aujourd’hui[34]. Je ne peux pas conclure ainsi cet article sans me permettre une allusion explicite à l’Afrique qui est aujourd’hui envahie, sans le vouloir, par les valeurs de la culture postmoderne. Qui dit mieux dirait que certaines de ces valeurs lui sont imposées et l’entraîne sur un chemin révolutionnaire déjà emprunté ailleurs. Dans cet contexte, quelle est la mission de l’Eglise ? Elle ‘’n’est pas d’ordre politique’’[35], et sa doctrine sociale n’offre pas de ‘’solution techniques’’. En effet, sa mission est sacerdotale, prophétique et royale. Comme prêtres, els chrétiens s’offrent eux-mêmes pour le salut du monde. Dans le monde sans être du monde, ‘’ambassadeurs du Christ’’ (1Cor 5,20) auquel ils rendent témoignage ‘’dans l’espace public, au cœur du monde’’[36], ils ont une mission prophétique : une ‘’mission de vérité à remplir…une mission impérative.’’[37] De par leur mission royale, ils servent l’humanité. Et le plus grand service que l’Eglise puisse rendre à l’humanité, aujourd’hui comme de tout temps, est d’être elle-même, fidèle au Seigneur Jésus. Les chrétiens seront lumière du monde à condition qu’ils ne se modèlent pas sur le monde présent (Rm 12, 2). Si les chrétiens ‘’sont marqués par l’esprit et les habitudes de leur époque et de leur milieu’’, par la grâce de leur baptême, ‘’ils sont invités à renoncer aux tendances nocives dominantes et à aller à contre-courant.’’[38]

 Seule une pastorale concertée, de type dialogale pourrait conduire les pasteurs d’Afrique à entrer en dialogue avec toutes les couches sociales pour leur apporter l’Evangile de la vie, les gagner au Christ qui a été libre à l’égard de la culture restrictive juive, dans une Afrique porteuse de la civilisation de la vie et de l’amour.

Il est temps que nous nous mettions à recueillir les nouvelles chances d’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui.

C’est avec un courage serein que l’Eglise porte son regard sur le monde contemporain. Les pères synodaux ont manifesté leur optimisme : ‘’Nous ne nous sentons pas intimidés par les conditions des temps que nous vivons. C’est un monde plein de contradictions et de défis, mais il reste création de Dieu, blessé certes par le mal, mais toujours aimé de Dieu, dans lequel peut germer à nouveau la semence de la Parole afin qu’elle donne un fruit neuf. Il n’y a pas de place pour le pessimisme dans les esprits et dans les cœurs de ceux qui savent que leur Seigneur a vaincu la mort et que son Esprit œuvre avec puissance dans l’histoire.

Avec humilité, mais aussi avec détermination – celle qui vient de la certitude que la vérité vaincra à la fin – nous rejoignons ce monde et voulons y voir une invitation du Ressuscité à être témoins de son Nom. Notre Église est vivante et affronte, avec le courage de la foi et le témoignage de tant de ses fils, les défis que l’histoire nous lance.
 Nous savons que, dans le monde, nous devons faire face à la bataille contre «les Principautés et les Puissances», «les esprits du mal» (Ep 6, 12). Nous ne nous cachons pas les défis des phénomènes de globalisation, ni ne les craignons. Ils doivent être pour nous une chance pour l’élargissement de la présence de l’Évangile. De même les migrations – avec le poids de souffrance qu’elles comportent et dont nous voulons sincèrement être proches par un authentique accueil des frères – sont des occasions, comme cela est déjà arrivé dans le passé, de diffusion de la foi et de communion à travers la variété des formes qu’elles prennent. La sécularisation, mais aussi la crise de l’hégémonie de la politique et de l’État, conduisent l’Église à repenser sa propre présence dans la société, mais sans renoncer à cette présence. Les nombreuses et toujours nouvelles formes de pauvreté ouvrent des espaces inédits au service de la charité : la proclamation de l’Évangile engage l’Église à être proche des pauvres et à faire sienne leur souffrance à la manière de Jésus. Même dans les formes les plus âpres de l’athéisme et de l’agnosticisme nous entendons pouvoir reconnaître, bien que sous la forme de contradictions, non un vide, mais une nostalgie, une attente qui espère une réponse adéquate. 
Face à ces interrogations que les cultures dominantes posent à la foi et à l’Église, nous renouvelons notre confiance dans le Seigneur, sûrs que même dans ces contextes l’Évangile est porteur de lumière et capable de guérir chaque faiblesse de l’homme. Ce n’est pas nous qui conduisons l’œuvre de l’évangélisation mais Dieu’’[39].

Comme le Pape Benoît XVI nous l’a rappelé : «La première parole, l’initiative vraie, l’activité vraie, vient de Dieu et c’est seulement en nous insérant dans cette initiative divine, seulement en implorant cette initiative divine, que nous pouvons nous aussi devenir – par Lui et en Lui – évangélisateurs[40].

CONCLUSION

Que dire enfin, après ces balbutiements de réflexion sur des problématiques aussi sensibles qu’actuelles : évangélisation et culture, vivre-ensemble et civilisation de l’amour, pastorale et présence manifeste de l’Eglise dans la société, postmodernité et ses enjeux toujours envahissants au cœur de la vie des populations mondiales, etc. ?

Notre effort dans ces propos a porté sur des propositions en faveur d’une pastorale adéquate  pour notre Eglise locale, axée sur la recherche de l’unité, de la communion  et du bonheur pour tous, dans notre contexte de diversité culturelle et en même temps de crise à la fois morale et anthropologique. Nous sommes ainsi réconfortés par ces propos d’un optimisme ferme du pape Benoît XVI : ‘’Nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et que la lumière soit tenue cachée (cf. Mt 5, 13-16). Comme la samaritaine, l’homme d’aujourd’hui peut aussi sentir de nouveau le besoin de se rendre au puits pour écouter Jésus qui invite à croire en lui et à puiser à sa source, jaillissante d’eau vive (cf. Jn 4, 14)

Chrétiens, nous sommes conviés à inspirer dans la culture séculière actuelle une recherche de la vérité, du bien et de l’amour[42].  L’inculturation s’ajoute à termes pour inviter l’Église à évangéliser la culture actuelle afin de la gagner au Christ en l’épurant de ce qu’elle porte de non évangélique, d’inhumanisme, d’impureté.

Voilà le chantier de la vie…Il nous appelle sans cesse à ‘’la fidélité au Christ et à son Evangile pour ne pas courir en vain’’[43].

Nos communautés paroissiales sont appelées à être plus accueillantes, plus proches des gens, plus missionnaires. Cela appelle des conversions de mentalité et des changements de fonctionnement : ‘’La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du « on a toujours fait ainsi ». Chacun de nous est invité à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés’’[44].

Cependant, l’Eglise devrait éviter ‘’la tentation du microclimat ecclésiastique qui ferme la porte aux exclus; la tentation qui consiste à regarder Jésus (peut-être passivement en empêchant les autres d’aller vers lui, comme les disciples avec l’aveugle de Jéricho) en oubliant de le voir dans le pauvre qui demande de l’aide, dans la personne marginalisée, surtout dans ces brebis qui paraissent fatiguées et sans berger[45].

Les chemins du vivre-ensemble passent par la véritable conversion au Christ qui est venu établir une fraternité universelle, par et dans la civilisation de l’amour.

                                      François TSHIONYI Kazadi

                                                          


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