Comprendre la position de l’Église sur l’homosexualité.
Introduction
Depuis quelques jours, la toile brûle avec des réactions tapageuses des fanatiques des chants de sirène qui font dire au pape François ce qu’il n’a pas osé déclarer, même lors des interviews de 2017 d’où sont tirés ces bouts des phrases —isolées du contexte— dont les manipulateurs se servent pour crier au changement de la doctrine catholique sur de telles questions de société en rapport avec la sexualité, la famille, le mariage, etc. Sans m’attaquer aux fondamentalistes ni aux protagonistes de ces critiques tendancieuses contre le pape et notre Église, je m’attèle, dans cet article, à donner l’enseignement orthodoxe et inamovible de l’Église sur l’homosexualité. C’est un éclairage que j’adresse aux fidèles catholiques surtout, ainsi qu’à tous les enfants de Dieu épris de justice et de la recherche de la vérité, afin de les réconforter dans leur foi et leur pratique morale.
Vous pourrez trouver l’intégralité de cet extrait dans mon livre intitulé : « La théologie du corps à l’ère de la nouvelle éthique mondiale. L’enjeu éthico-pastoral d’une réception africaine », publié aux éditions Edilivre (Paris 2019) pp. 163-167.
- L’enseignement de l’Église sur la dimension du corps humain permet de comprendre l’éthique sexuelle catholique
Lorsque nous nous référons à l’enseignement de saint Jean-Paul II sur la théologie du cops, nous réalisons que le corps humain est symbolique et fait pour le don en vérité. Explicitons. La signification symbolique du corps veut tout simplement expliquer que le corps de l’homme est un signe extérieur d’une réalité intérieure. Dès lors, dans l’acte sexuel, où l’homme et la femme “deviennent une seule chair” (Gn 2, 24), l’union de leurs corps est destinée à être le signe extérieur de l’union de leurs âmes. Il s’ensuit ce premier critère : « l’union sexuelle des corps présuppose l’union des cœurs », qu’elle est fondamentalement un acte d’amour[1].
En deuxième lieu, le critère de la vérité du don explique que dans l’expérience de l’unité originelle, le corps est sponsal, c’est-à-dire fait pour cette forme suprême d’amour qu’est l’amour ‘’don de soi’’. Il s’ensuit le deuxième critère : en tant que langage authentique, « l’union sexuelle des corps est soumise aux exigences de la vérité propre àla communion de deux personnes, homme et femme »[2].
Ces critères (symbolisme du corps et vérité du don à travers le corps) pris ensemble excluent l’homosexualité, seul le corps de l’homme et celui de la femme pouvant devenir « une seule chair », les organes de personnes de même sexe ne pouvant s’unir, leur corps ne peut pas tenir le rôle symbolique où l’union corporelle exprime la communion intérieure des personnes. Outre cela, dans une relation homosexuelle le langage des corps n’est pas à même de signifier la fécondité potentielle de l’amour par l’ouverture sur une nouvelle vie, contrevenant ainsi à une exigence de vérité de la communion de l’homme et de la femme[3].
2. Que dit l’Église catholique sur l’homosexualité ?
En effet, la position de l‘Église tranche clairement face aux problèmes que pose l’homosexualité avec ce passage combien intéressant :
« C’est la théologie de la création, présente dans le livre de Genèse, qui fournit le point de vue fondamental pour une compréhension adéquate des problèmes que pose l’homosexualité. Dieu, dans son infinie sagesse et son amour tout-puissant, (…) crée l’homme à son image et ressemblance, comme homme et femme. Les êtres humains sont donc des créatures de Dieu, appelées à refléter, dans la complémentarité des sexes, l’unité intérieure du Créateur. Ils réalisent cette tâche de façon spéciale quand ils coopèrent avec lui dans la transmission de la vie par la donation conjugale réciproque »[4].
L’Église, fondée sur la sainte Tradition, sur la sainte Écriture et le Magistère émet le jugement moral à l’encontre des relations homosexuelles en ces termes riches de sens et de rigueur :
« Dans le Lévitique 18, 22 et 20, 13, quand sont décrites les conditions nécessaires pour appartenir au Peuple élu, l’auteur exclut du Peuple de Dieu ceux qui ont un comportement homosexuel. Sur le fond de cette législation théocratique, saint Paul développe une perspective eschatologique, à l’intérieur de laquelle il propose à nouveau la même doctrine, comptant parmi ceux qui n’entreront pas dans le Royaume de Dieu notamment celui qui agit en homosexuel (cf. 1 Co 6, 9). Dans un autre passage de ses lettres, se fondant encore sur les traditions morales de ses prédécesseurs, mais se plaçant dans le contexte nouveau de la confrontation du Christianisme et de la société païenne de son temps, saint Paul prend le comportement homosexuel comme exemple de la cécité dans laquelle est tombée l’humanité. Se substituant à l’harmonie originaire entre le Créateur et ses créatures, la grave déviation de l’idolâtrie a amené toutes sortes d’excès dans le domaine moral. Saint Paul voit précisément dans les relations homosexuelles l’exemple le plus clair de cette disharmonie (cf. Rm 1, 18-32). Enfin, en pleine continuité avec l’enseignement biblique, dans la liste de ceux qui agissent contrairement à la saine doctrine sont mentionnés explicitement parmi les pécheurs ceux qui commettent des actes homosexuels (cf. 1 Tm 1, 10) »[5].
En réalité, la pratique de l’homosexualité représente une menace sérieuse pour la vie et le bien-être d’un grand nombre de personnes. Une activité homosexuelle implique, sans nul doute, « une inclination sexuelle désordonnée, foncièrement caractérisée par la complaisance de soi »[6]. Aussi « l’activité homosexuelle entrave la réalisation et la satisfaction personnelles, parce qu’elle est contraire à la Sagesse créatrice de Dieu »[7].
Voilà pourquoi le débat contemporain sur le phénomène de l’homosexualité, avec ses multiples dimensions et son retentissement sur la société et la vie ecclésiale, provoque de justes préoccupations chez tous ceux qui sont engagés dans le ministère pastoral. Aussi l’Église conseille-t-il à ses ministres à avoir une sollicitude pastorale particulière envers ceux qui se trouvent dans la condition homosexuelle afin qu’ils ne soient pas enclins à croire que l’actualisation de leur tendance dans les relations homosexuelles est une option moralement acceptable[8].
En effet, souligne ce document de la Congrégation pour la doctrine de la foi, « il y en a beaucoup parmi les personnes homosexuelles qui cherchent à créer la confusion à propos de la position de l’Église et à exploiter cette confusion à leurs propres fins »[9].
Cependant, les ministres de l’Église devront veiller et condamner toute sorte de paroles, de gestes violents, des législations injustes envers les personnes homosexuelles afin d’éviter la stigmatisation et l’homophobie, au nom du respect de la dignité due à tout être humain[10]. Une telle attitude pastorale de la part des ministres de l’Église, en aucun cas, ne devrait pas donner l’impression que l’Église approuve la condition homosexuelle. Pourtant, il est fort regrettable qu’« une des tactiques utilisées consiste à affirmer, d’un ton de protestation, que toute critique ou réserve à l’égard des personnes homosexuelles, de leur activité et de leur style de vie, est purement et simplement une forme de discrimination injuste »[11].
Aussi la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans le même document, recommande à ceux qui exercent le ministère pastoral, sous la vigilance des Évêques, de veiller à transmettre clairement, efficacement et en toute fidélité, la doctrine de l’Église à tous les fidèles et à la société dans son ensemble, par un enseignement correct[12].
Eu égard à ce que nous venons de noter sur l’homosexualité, il est donc extrêmement préoccupant de voir l’influence croissante du lobby « LGBTI » (Lesbiennie, Gay, Bisexualité, Transsexualité, Intergenre)[13] proportionnellement et en faveur de la légalisation du mariage gays dans bon nombre de pays européens[14], asiatiques, australiens, américains et africains ; et même en faveur des préférences et pratiques sexuelles entre l’homme et l’animal (zoophylie ; le chien et le cheval viennent en tête)[15].
Dans la même perspective, il importe aujourd’hui, pour éviter la confusion dans la perception de l’identité personnelle, de bien cerner les autres possibilités d’identité véhiculées par la culture postmoderne : l’identité du sexe et l’identité du genre, à travers les orientations telles que intersexualité/intersexe/intergenre, transsexualité/transgenre, bisexualité, transidentité, identité sexuée ‘’psychoaffective’’, identité sexuée ‘’biologique’’[16].
Conclusion
De quoi il s’est agi dans ce bref article. Il ne s’agit ni d’une apologie ni d’une défense de la personne de Saint-Père. Je suis fier, au nom du témoignage de la vérité, d’exposer 3 arguments majeurs concernant ce que l’Église catholique enseigne essentiellement sur la question de l’homosexualité.
Le premier argument est théologique. Se basant sur la théologie du corps, il se limite à montrer que la question de l’homosexualité touche à l’éthique sexuelle. Son approche dépend largement de la perception que nous avons du corps humain. Elle diffère selon l’anthropologie (donc, la vision de l’homme particulière d’une société, à une certaine époque précise), la culture, l’idéologie que l’on assume. Quant à l’anthropologie biblique sur laquelle repose la théologie du corps, le corps humain est symbolique (c’est-à-dire il renvoie à la signification intrinsèque de l’être humain) et est lieu d’ouverture de l’homme au monde et à Dieu. Le corps incarne la faculté de don à l’autre dans la différenciation sexuelle masculine et féminine.
Le deuxième argument est biblique. Il montre sur base des passages de l’Ancien et Nouveau testament que l’homosexualité est une réalité aussi vieille que l’histoire et a été considérée depuis la tradition biblique comme ‘’une inclination sexuelle désordonnée’’, donc un péché pour lequel l’homme qui le commet se refuse la vie de communion avec Dieu. Cet argument s’appuie sur la vérité de la création de l’homme en tant qu’image de Dieu, en tant qu’homme et femme, appelés à la communion et à la fécondité.
Le troisième argument est d’ordre magistériel. L’enseignement de l’Église est clair et tranchant sur la condition des homosexuels. Tout en se basant sur les deux premiers arguments, le Magistère condamne formellement l’homosexualité comme pratique désordonnée qui dénature la sexualité voulue par Dieu comme lieu de partage intime et de communion ouverte à la génération de la vie. Mais l’Église, dans sa sollicitude pastorale, ne condamne pas l’homme qui est dans la condition homosexuelle ni le rejette, mais elle lui indique la vérité sur l’homme et sur le mystère de la sexualité révélé depuis la création par le Créateur en l’invitant à se convertir.
Il faut bien noter ici que le fait que l’Église rejette toute attitude ou forme de discrimination à l’endroit des personnes LGTBI; mais cette attitude de justice de la part de l’Église ne doit pas donner lieu à croire qu’elle encourage l’homosexualité et toutes les autres pratiques corollaires. La campagne médiatique en cours ce dernier temps n’a qu’un objectif: légitimer une fausse idéologie et semer la confusion dans le chef des fidèles catholiques et emporter les plus faibles, au gré des vagues. Demeurons vigilants!
François Tshionyi Kazadi,
Théologien
[1] Cf. http://www.theologieducorps.c/ethique-de-la-sexualite(Consulté le 12/12/2015).
[2] Cf. Ibid.
[3] Cf. http://www.theologieducorps.c/ethique-de-la-sexualite.
Citons des textes scripturaires de l’Ancien et du Nouveau Testament qui condamnent l’homosexualité : Lv 18 :22 ; 20, 13 ; 1 Co 6,9 ; 1 Tim 1, 10 ; Rm 1, 18-32.
[4] Cf. Congregation Pour La Doctrine De La Foi, Lettre aux évêques de l’église catholique sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles (01/10/ 1996), nº. 6, § 1.
Cf. Pape François, Amoris laetitia 52.
[5] Ibid., nº 6, § 3.
[6] Ibid., nº 7, § 2.
[7] Ibid., nº 7, § 3.
[8] Cf. Ibid., nº 3.
[9] Ibid., nº 8, §3.
[10] Cf. Ibid., nº 9-10.
[11] Ibid., nº 9, §1.
[12] Cf. Ibid., nº 13.
[13] Voir à propos John Eastburn Boswell (20 mars 1947 – 24 décembre 1994), un historien américain, et professeur à l’université Yale. Plusieurs de ses études se penchent sur la question de l’homosexualité, plus particulièrement des rapports entre l’homosexualité et la religion, et de la vision chrétienne de l’homosexualité. Il est un des fondateurs des études LGBT.
[14] Cf. Résolution du Parlement Européen de 1994 ; Cf. La Constitution pour l’Europe de 2005.
[15] Cf. J. Lehmiller, « Des zoophilies racontent leur sexualité », dans le blog Sex and Psychology (23 août 2018). Voir son dernier ouvrage Tell me what you want. The science of sexual desire and how it can help you improve your sex life (2018).
[16] Cf. ‘’Intersexe/intersexualité/Intergenre ?’’ Blog de l’Organisation Internationale des Intersexes: http://oii-europ.blogspot.fr (2006); ‘’Trans/Intersexe/intergenre’’, Fédération des Centres de Planning Familial: http://www.planingsfps.be. Consulté le 02 février 2017.