ven. Mai 23rd, 2025
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Sommes-nous pour la ‘’culture de la vie’’ ou pour la ‘’culture de la mort’’ ?

Notre compatriote Barbara Kanam, renommée la Diva, artiste musicienne qui fait, autant que ses autres collègues artistes congolais(es), la fierté de notre pays au plan national et international, s’est vue décerner le 23 mai 2019 dernier le titre de Doctor honoris causa de l’Université de Miami en Floride (USA), à travers l’Observatoire Africain de la Sanction Positive et Valeurs de la Paix (OASP), qui a reçu mandat de Miami Institute Florida USA. C’est la plus haute distinction reconnue par les scientifiques dans un domaine précis. Selon le jury, le choix porté sur B. Kanam se justifie par sa contribution dans le domaine culturel en tant qu’ambassadrice des valeurs constructives. D’autres critères ont également motivé le jury notamment la constance et la persévérance. “Le fait que l’artiste se soit distinguée parmi tant d’autres par les messages véhiculés dans ses chansons a été déterminant et son engagement dans les grandes causes humanitaires”, a laissé entendre un des membres du jury, peut-on lire sur 7sur7.cd (Jephté Kitsita).

Au-delà de la musique et de l’entreprenariat, l’artiste Barbara Kanam a travaillé pour les grandes urgences sanitaires avec L’UNICEF en faveur des enfants dans certaines provinces de la RDC et avec ASF pour la planification familiale et la santé de reproduction (https://scooprdc.net du 25 mars 2019).

L’occasion faisant le larron, le Gouvernement de la RDC, à travers son ministre du Genre, famille et enfant, a élevé la diva Kanam au rang d’Ambassadrice des droits de la femme. Se confiant à AFRIQUE INFOS MAGAZINE (dans une interview accordée à Jordache DIALA et publiée sur afriqueinfomagazine.net le 11 juin 2019), l’artiste congolaise déclare : « Je remercie d’abord Mme la Ministre du Genre, enfant et famille, Chantal SAFU, qui m’a parrainée en qualité de Championne de la promotion des droits de la femme. Certes, un honneur et une marque de confiance mais, surtout, une lourde responsabilité pour cette Diva africaine vis-à-vis de mes engagements personnels en tant que femme et artiste. Mon pays m’a choisie pour être vulgarisatrice du Protocole de Maputo. A travers ma voix, j’ai désormais l’engagement de militer en faveur d’une maternité responsable et de la promotion du droit à la santé de reproduction ». (http://afriqueinfomagazine.net/rd).

C’est cette responsabilité lui confiée qui motive mon analyse critique dans cet article : vulgariser le protocole de Maputo (de triste mémoire) et coopérer à la promotion d’une maternité responsable et de la promotion du droit à la santé de reproduction. Voilà le projet qui est bien défini!

En prenant le taureau par les cornes, je me pose quelques questions, non de moindre enjeu éthique pour la RDC, pour l’Afrique et le monde. Qu’est-ce que mes compatriotes congolais retiennent du protocole de Maputo ? Quel est l’enjeu de la promotion de la santé sexuelle et reproductive dans nos différents pays ? La maternité responsable libère-t-elle effectivement la femme ? Pourquoi des artistes, des gouvernements, des 1ères dames, des leaders d’opinion, etc., sont-ils souvent choisis par les Organismes internationaux pour coopérer à la promotion de certains programmes idéologiques, notamment le Programme de ‘’santé et droits sexuels et reproductifs’’ (SDSR) ?

Le Protocole de Maputo, de quoi s’agit-il ? C’est le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique (Adopté par la 2ème session ordinaire de la Conférence de l’Union, Maputo, le 11 juillet 2003). Ce protocole est un classique cheval de Troie ; loin d’être apparemment un cadeau pour les peuples africains, il est en réalité un danger mortel. Il a été écrit en grande partie par la fédération internationale du Planning familial (International Planned Parenthood Federation, ou IPPF), la plus grande organisation internationale pour la promotion de l’avortement. Les valeurs de ce groupe basé à Londres sont contraires à celles de l’Afrique. L’IPPF ne respecte ni les volontés, ni les traditions, ni même la souveraineté des pays ou des peuples dans ses efforts en faveur de la légalisation universelle de l’avortement. Leur document d’objectifs stratégiques, VISION 2000, exprime clairement que toutes les organisations affiliées à l’IPPF dans des pays où l’avortement n’est pas légal doivent : ‘‘faire campagne pour que les restrictions soient abolies’’. Puisque d’ordinaire les personnes ne veulent jamais l’avortement, l’IPPF et les autres organisations qui s’occupent de promouvoir l’avortement doivent utiliser des moyens occultes.

Rigoureusement parlant, le Protocole de Maputo est l’instrument idéal pour légaliser l’avortement dans toute l’Afrique. Ce protocole est souvent présenté comme un moyen de lutter contre les mutilations génitales féminines, mais dans les 21 pages du document, cette pratique apparaît dans une seule phrase. Par contre, l’article 14 (2) (c) du Protocole de Maputo dévoile clairement le véritable objectif du document : « Les États prennent toutes les mesure appropriées pour… protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus. » La définition de la « santé » de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est bien connue pour son affirmation que « la santé est un état de bien-être physique, mental et social complet ; elle n’est pas seulement l’absence de maladie ou de déficience. » (http://www. leprotocoledemaputo.org/french_protocole.pdf).

Enfin, je voudrais expliquer laconiquement -non sans réalisme- en quoi consiste la prétention à la nouveauté et/ou l’innovation de cette éthique ou cette culture de la promotion de la santé sexuelle et reproductive. C’est bien en raison de ce qu’elle tend et cherche à remplacer un ordre ancien, une culture ancienne par un nouvel ordre. La nouvelle éthique mondiale veut instituer idéologiquement une nouvelle culture par rapport à la morale issue de la religion chrétienne ou de valeurs traditionnelles de nos cultures. Les ingénieurs de la nouvelle éthique mondiale caressent des prétentions insatiables de changer l’ordre ancien ; cet ordre ancien, c’est tout l’ensemble de vérités et valeurs religieuses, culturelles et morales, en banalisant tous les interdits attachés à ces valeurs. Par exemple, là où il était interdit d’avorter au nom de la religion ou de la culture, il faut supprimer cette morale ancienne, en cherchant à faire de l’avortement un droit reproductif de la femme. Ainsi, une valeur telle que le respect sacré de la vie humaine est supprimée au nom du droit reproductif de la femme enceinte. Il faudra pour cela forcer les pays pauvres à adopter et ratifier un certain Protocole de Maputo ; en retour, ils bénéficieraient de grands financements et d’aides en coopération bilatérale au développement, parce qu’ils seraient désormais de bons élèves dans l’école de droits de l’homme et de la femme, dont il faut toujours préciser le contenu !

Voici un autre exemple : là où le mariage n’était que l’union naturelle entre un homme et une femme, il faudra commencer par montrer que ce mariage hétérosexuel est une pure invention socioculturelle, que la société peut changer à son propre gré. Et de là, on ouvre la porte à d’autres unions de fait, appelées ‘‘familles sous toutes ses formes’’, pour lesquelles on revendique une reconnaissance juridique. Ces ‘‘familles sous toutes ses formes’’ sont notamment des unions homosexuelles ou lesbiennes, ou des familles comprenant des individus clonés ou fruits d’inséminations artificielles. Il faudra ensuite argumenter que dans le mariage, la femme est considérée comme une machine de reproduction, surtout dans les pays pauvres, où certaines religions monothéistes accordent une valeur sacrée à la famille, à la reproduction, à la vie humaine, etc. On ajoute que la maternité, c’est-à-dire le fait pour une femme de devenir mère la condamne de fait à la pauvreté, en ajoutant à cela que la surpopulation est l’une de principales causes de pauvreté dans les pays du Tiers-Monde, et que cette surpopulation menace l’équilibre socio-économique du moins, mais plus précisément des nations riches. Il faudra alors encourager une culture antinataliste, c’est-à-dire une culture où on effacerait la natalité par la promotion des contraceptifs, abortifs ou préservatifs, en argumentant parfois que les avortements clandestins constituent la principale cause de mortalité maternelle, ou que les préservatifs constituent la meilleure sécurité contre le sida, ce qui est très discuté, et qui ouvre plutôt la porte à la prostitution et à l’infidélité conjugale ! Autant de modèles proposés à la jeunesse dans cette mondialisation culturelle, mais qui ne cadrent point avec la morale chrétienne et celle de nos cultures dans lesquelles la jeunesse doit être éduquée (Cf. notre livre La théologie du corps à l’ère de la nouvelle éthique mondiale. L’enjeu éthico-pastotal d’une réception africaine, publié aux éditions edilivre, Paris 2019, Ch. 8, pp. 187-233 ).

Il m’a plus, en tant qu’intellectuel et citoyen congolais, de saisir la balle au bond pour interpeller la conscience des gouvernants et des leaders d’opinion congolais et africains  sur ce qui paraît être un programme ambigu avec un agenda ambivalent. Que l’Église catholique qui avait contesté la ratification par le gouvernement congolais de cet accord génocidaire en 2007 poursuive son travail de sensibilisation et d’éclaireur. Les mouvements citoyens et la société civile devraient, pour leur part, s’investir afin de lutter contre toutes les politiques antinatalistes. Des lois inhumaines en faveur de l’avortement, des unions homosexuelles ne devraient pas figurer dans le patrimoine législatif de la R.D.C. Je salue heureusement l’intervention tranchée du ministre des Droits humains, Mme Marie Ange Mushobekwa qui, lors du Conseil des droits de l’homme tenu le 03 juillet 2019 à Génève (en Suisse), a déclaré – sans mâcher les mots – que le gouvernement congolais qui n’a ni pénalisé ni légalisé le ‘’mariage homosexuel’’, n’était pas prêt à l’autoriser ni à le légaliser, au nom du respect de notre riche et valeureuse tradition africaine et chrétienne sur laquelle se fonde la Loi Fondamentale congolaise. Toutefois, il y a une menace dans la demeure du côté, bien sûr, des chantres de la Convention pour la défense des minorités… surtout les dites minorités sexuelles que l’on tient à défendre à tout prix, en s’imposant brutalement parfois contre l’identité sexuelle traditionnelle. (Cf. https://pourelle.info, du 22 juillet 2019).

Il y a lieu d’encourager le gouvernement dans ce sens afin qu’il ne cède pas aux champs de sirènes de lobbies homosexuelles et féministes radicaux, disciples et adeptes de l’imposture de la Gouvernance mondiale qui, appuyées par les politiques de l’Extrême  gauche en vogue en Occident, ne font qu’influencer idéologiquement la marche du monde, aussi bien du point de vue législatif que culturel, à travers l’éducation scolaire des enfants et des jeunes.

La vie morale et l’équilibre anthropologique de notre nation en dépend !                                                

François TSHIONYI KAZADI

                                             Madrid, le 31 juillet 2019.

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