Africains (nes),
Congolais (ses),
Je voudrai vous entretenir sur l’arme de distraction massive qui plane sur l’univers africain et congolais avec l’incidence de ce qui se passe en Lybie, à savoir la vente aux enchères d’êtres humains : un nouvel esclavagisme au 21ème siècle.
Autant les réactions virulentes sur ce fléau de la part de nombreux africains nous enchantent, autant elles nous obligent à un devoir de réflexion. Quels sont les mobiles qui sous-tendent les discours des uns et des autres. Je vais juste parler des deux artistes musiciens de la RDC qui ont levé leur voix pour condamner la traite de noirs en Lybie. C’est une bonne chose. Mais c’est l’hypocrisie qui gît dans leur prise de position que nous voudrions dévoiler ici en parlant des formes d’esclavage qui sont multiples et varient avec l’époque, la culture et le système socio-économique, politique et idéologique .
Citons entre autres : – l’esclavage traditionnel ; – les mariages forcés ; – le servage pour dette ; l’esclavage domestique ; – l’esclavage des enfants (travaillant dans des mines pour la survie) ; l’esclavage sous contrat, etc.
Si nous évoquons ces différentes formes d’esclavage, c’est pour rappeler à ceux qui donnent l’impression d’être ‘’leaders’’ et ‘’ambassadeurs’’ de la paix qu’ils sont en train de distraire le peuple congolais, car en RDC on retrouverait beaucoup de victimes de l’un ou l’autre type d’esclavage aujourd’hui. Il est curieux de remarquer le silence notoire de ces ‘’leaders’’ et ‘’ambassadeurs’’ de la paix sur des exactions, des traitements inhumains et dégradants réservés aux congolais par des congolais eux-mêmes dans des prisons, sans compter les travaux des enfants dans les mines, des mariages forcés, des ouvriers sans salaires, la répression en sang des manifestants, etc.
Nos vaillants leaders, par pure récupération et mimétisme -comme c’est le cas en musique congolaise- ont osé courageusement faire entendre leur voix pour stigmatiser la pratique ignominieuse en cours en Lybie. Nous leur disons qu’il serait ridicule, pour un parent -et ils sont tous parents- de vouloir éteindre le feu chez le voisin, pendant que ça brûle dans sa propre famille.
Je n’ignore pas que le terme esclavage a une polysémie de sens que nous avons voulu vous rappeler. Bref, disons que l’esclavage moderne est présent partout mais la plupart des gens l’ignore. Les victimes se comptent par milliers. Et les esclavagistes ne sont pas seulement en Lybie, il y e en a partout, et davantage au Congo-Kinshasa. Que faites-vous, illustres leaders qui vous réclamez de Lumumba, de Kimpavita ou de M’Zee Kabila ?
Les atteintes graves aux droits de l’homme et l’insulte à la dignité humaine que tous nous décrions dans la vente aux enchères des jeunes africains en Lybie sont le lot quotidiens des tous africains, de quelques pays soient-ils, victimes du complot international et de leurs bourreaux, ténors des régimes despotiques.
Pourquoi les jeunes candidats à l’immigration clandestine fuient leurs pays ?
J’aurais voulu voir les ‘’leaders’’ et ‘’ambassadeurs’’ de la paix de la R.D. Congo (dont je n’ose pas citer les noms pour ne pas me livrer à une publicité gratuite) commencer par révéler leur protagonisme face aux types d’esclavages inhérents à l’organisation socio-politique congolaise. Ils en ont les moyens, et nous voudrions les voir à l’œuvre. Voilà le défi !
François TSHIONYI KAZADI